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Le wabi sabi,


une philosophie esthétique héritée du zen 

On fait remonter les origines du wabi-sabi à Murata Jukō, moine zen du XVè siècle qui réforme littéralement la cérémonie jusque-là fastueuse du thé pour en faire un moment de tranquillité, trouvant tout son raffinement dans la frugalité qu’incarne notamment l’emploi d’ustensiles artisanaux de facture simple… A l’opposé des services ornementés et volontiers ostentatoires que la bonne société de son époque prisait.

Le wabi-sabi s’installe au cours du temps en art de vivre. Il se décline dans les arts, l’aménagement des espaces intérieurs, le style et les postures …

Vivre une vie simple, accepter et apprécier l’imperfection de soi-même et surtout du monde qui nous entoure : voici comment pourraient être dessinés les contours du wabi-sabi, concept esthétique et spirituel japonais, très ancré dans la culture nippone.

 

Dans l’esprit wabi-sabi, on n’est pas dans l’erreur en produisant de l’imperfection, on ne se dégrade pas en vieillissant, on ne perd pas de son intégrité en s’abimant : on est et reste vivant, marqué par l’inéluctable passage du temps et transformé par les accidents, les fêlures, les mutations…

Le wabi-sabi est constitué de deux principes entremêlés : wabi, qui fait référence à la plénitude et à la modestie que l’on peut éprouver en observant la nature et le sabi, la sensation que l’on ressent lorsque l’on voit des choses patinées par le temps ou le travail des êtres humains.

Mon interprétation de la pensée wabi est que la nature est "parfaite" dans son imperfection et dans son unicité. Ainsi, dans la nature toute chose est unique, chaque rose, chaque flocon de neige... Chacun de mes bols est donc absolument unique.

Dans l'idée aussi que la nature est parfaite, tout ce dont on va avoir besoin est présent dans la nature, en ce sens, j'utilise donc uniquement des oxydes métalliques et des terres naturelles pour obtenir les couleurs.

Le sabi dans mon travail en raku est symbolisé par la porosité du bol à thé qui permet de bonifier, d'enrichir chaque infusion par la mémoire du thé précèdent. Ainsi, le temps qui passe embelli, enrichi les choses et les êtres.

 

Etre plus beau que la minute précédente quelle beau symbole de vieillesse.

Le raku

La céramique “Raku” est principalement basée sur la beauté de l’imperfection.

On ne peut appréhender la céramique “Raku”(Rakou) sans connaître l’origine de cette cuisson, et l’importance qu’elle va prendre dans la philosophie de la voie du thé.

Cette céramique reflète plus que tout autre, l’esprit du Cha-Dô, (voie du thé), fondé sur la conception esthétique du Wabi et du Sabi. Le Wabi ( Wa: Harmonie – Bi: Beauté “Beauté de l’harmonie”) est un concept esthétique qui implique des idées de simplicité, de solitude, de désolation, de calme et de dépouillement.

Le bol à thé (Chawan) en est le parfait exemple. Il n’est pas fait uniquement pour être regardé, il doit être touché. Les déformations du bol permettent de ressentir le mouvement des doigts du potier, une intime relation avec la pensée du créateur.

 

Je traite donc mes bols comme des entités indépendantes. J'aime l'idée que nous sommes tous différents et que chacun de mes bols aussi, afin que nous puissions tous trouver le nôtre.

J'accorde donc une attention toute particulière à ce que chacun de mes bols aient une personnalité unique. Il n'y a donc pas de série dans mon travail, mais des familles. J'ai pris le parti de travailler jusqu'au bout la notion de pièce unique, par la forme, la texture, la couleur et le toucher.

Chacune de mes pièces a donc une identité et une vibration propres.

Les textures et traces

Rapidement, je me suis aperçue qu'au-delà de la forme, le relief du toucher apportait une dimension particulière à l'identité de chaque pièce. Un bol très lisse ne dégage pas les mêmes informations qu'un bol au toucher granuleux, doux ou plus rêche.

Je travaille donc le relief de mes bols pour leur donner un aspect organique, volcanique, et surtout unique. La cuisson de l’émail et le résultat final tient de la magie, dans la part de risque évaluée et acceptée. En cela, le Raku est exigeant car il nous confronte à nous-même sans complaisance, il demande de la rigueur et de la fantaisie, du savoir-faire et de l'improvisation, de la douceur et de la violence.

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